Zélie au pays des enchanteurs
Chapitre 5 : Quand on aime - Pages 35 et 36
comprit qu'il la retenait volontairement prisonnière. Sans abandonner, elle perdait tout de même un peu de son courage et laissa couler une goutte de chacun de ses yeux. Une fleur vint les essuyer. Elles se mirent ensuite à remuer ce qui provoqua une sorte de murmure mélodieux. Comme si l'arbre chantait pour la rassurer. Zélie pensa que c'était impossible, que son imagination lui jouait des tours mais quand des pétales de toutes les couleurs vinrent se poser sur le sol, lui faisant une couchette moelleuse, elle changea d'avis. Elle essaya de raisonner l'arbre, le supplia de la laisser partir, lui expliquant qu'elle devait fêter son anniversaire avec sa famille. L'arbre se mit à chanter plus fort encore, une de ses branches la poussa sur la couchette. Elle y tomba et prit sa tête dans ses mains pour réfléchir.

La couchette était très confortable, l'arbre était une source de plaisir pour les yeux tant ses fleurs étaient originales. Avec ses multiples branches il avait même ramené de très bons fruits qui étaient tombés par terre alentours, avec lesquelles Zélie s'était régalée. Ça sentait bon, l'arbre chantait pour elle, elle ne savait plus pourquoi elle avait voulu partir au début, après tout, elle avait de la chance d'avoir trouvé quelqu'un de si bon pour elle. Elle s'habitua donc au peu d'espace dont elle disposait et commença à passer ses journées à tresser les

plus jeunes branches de l'arbre. Régulièrement, l'arbre se faisait beau pour elle, il étalait ses fleurs au soleil pour les faire briller puis les amener vers l'intérieur pour créer une jolie vue pour Zélie. Il lui offrait aussi des cadeaux, quand il sentait qu'elle s'ennuyait, qu'elle aurait aimé aller courir dans la montagne. Il savait très bien que s'il la laissait sortir, elle ne reviendrait jamais. Et ça, c'était hors de question car il avait enfin trouvé une amie, quelqu'un qui le faisait se sentir moins seul au milieu du mont Aube.

Parfois, ses branches les plus vieilles, celles qui avaient l'écorce dure, griffaient Zélie. Mais l'arbre s'excusait toujours en lui tendant une fleur violette ou une fleur rouge. Il savait qu'elles étaient ses préférées et elle finissait toujours par le pardonner. Elle savait que ce n'était pas de sa faute, elle savait qu'il avait besoin d'elle, pour enlever ses vieilles écorces, pour tresser ses jeunes pousses, pour prendre soin de lui.

Et c'est ainsi que le temps passa, un an, deux ans, trois ans. Zélie avait bien grandi et désormais elle ne rentrait presque plus sur sa couchette. Elle se plaignait de mal de dos, elle supportait de plus en plus mal la solitude, tellement qu'elle parlait aux cailloux. Elle était griffée de partout car l'arbre