Chapitre 4
La mission de Catie était de se rapprocher des chats d'intérieur, de les surveiller car
ils devaient en savoir plus que les chats des rues. Catie était une très jolie chatte à poils
longs, de couleur beige. De nombreux humains avaient essayé de l'attraper pour en faire un chat
d'intérieur mais Catie aimait trop sa liberté et ne se laissait pas faire. Elle mordait, griffait
et grognait. Cela lui avait valu d'être mise à l'écart par les humains de son quartier. Ils ne
lui donnaient plus de gamelle de pâtée ni de croquettes. De toutes façons elle préférait faire
les poubelles, les menus étaient plus variés. Par contre, pour les chats d'intérieur, elle était
devenue une héroïne. Ils auraient bien aimé se laisser aller à griffer et mordre quand bon leur
semblait mais ils savaient qu'ils devaient se tenir tranquilles pour ne pas finir chez la vétérinaire.
Car là-bas, personne ne savait ce qui pouvait se passer. Des piqûres, des opérations, et on racontait
même que certains chats n'en revenaient jamais.
Catie commença à déambuler à la recherche d'une fenêtre entrebâillée, d'une grille d'aération, de n'importe quelle petite ouverture lui permettant de communiquer avec un chat de maison. Quand elle arriva bredouille au bout de la rue, elle pensa au manoir de Monsieur Joseph. Il était situé à quelques rues de là. Elle le connaissait car c'était la bonne adresse qui se transmettait de chat en chat dans toute la ville de Toucour. Monsieur Joseph avait la réputation de nourrir et soigner tous les animaux qui se présentaient à lui. Elle n'y était jamais vraiment allée mais tout le monde savait où le trouver, il était entre le port et la plage. Elle était presque arrivée quand elle se fit bousculer par un chat pressé qu'elle ne reconnut pas tout de suite. Il stoppa net pour lui demander pardon.
"- Chat-Malow ! C'est toi !! Je ne t'ai pas revu depuis que l'humain du restau Poisson-Lune t'as mis dehors de sa cuisine à coups de pied aux fesses ! Comment vas-tu ?
- Oh tu sais, je roule ma bosse de-ci de-là. Je ne m'attaque plus aux restaurants maintenant, trop risqué. Tu sais, après cet incident j'y suis retourné, je ne pouvais pas résister, ça sentait trop bon. Mais j'ai failli perdre tout mon pelage sur l'arrière-train quand il m'a balancé une casserole d'eau bouillante dessus. Là j'ai trouvé un petit vieux, il me donne de la viande fraîche tous les jours. J'y vais toujours un peu en avance parce que vers 11h il nourrit les pigeons. Il y en a des centaines et c'est tellement marrant de les faire s'envoler en leur courant après ! Tu veux venir avec moi ?
- Tu parles de Monsieur Joseph ? Justement j'y vais, j'ai besoin de renseignements. Peut-être que tu sais quelque chose toi.
- Ah moi j'me tiens loin des embrouilles mais bon, dis toujours.
- Ce sont les humains, tu n'as pas remarqué qu'ils disparaissaient ? Enfin plutôt ils partent. Tout semble normal et d'un coup, ils ne sont plus là. Parfois on en voit avec des valises, mais ils ne rentrent jamais, pas comme quand ils vont en vacances.
- Maintenant que tu le dis c'est vrai qu'il y a beaucoup moins de voitures. Je peux traverser les yeux fermés. Ben je suis pas au courant...
- Alors allons au manoir, quelqu'un aura peut-être une réponse."
Catie et Chat-Malow arrivèrent devant une demeure à l'allure délabrée. Elle avait été posée là deux cents ans auparavant et avait été la seule à subsister à l'épreuve du temps. Subsister est un bien grand mot car en réalité les traces du temps étaient bien visibles. Les fenêtres étaient toutes sans exception fêlées ou cassées, certains volets pendaient ou manquaient et les plantes couraient si librement sur la façade qu'on n'en voyait plus la couleur. Si toutefois il y en avait eu une un jour. Mais ce qui était le plus surprenant, c'était le peuplement de ce petit jardin. Il y avait des animaux absolument partout. Des rats, des écureuils, des chats, des pigeons, des étourneaux et même une pie à l'aile cassée et au regard fatigué. Catie laissa son ami jouer avec les pigeons et se plaça au centre du jardin. Elle demanda leur attention aux animaux qui s'attroupèrent autour d'elle. Elle exposa brièvement le problème et observa les réactions.
Les écureuils furent les premiers à répondre. Ils n'en savaient rien et ne voulaient pas s'en mêler. Ils n'aimaient pas la ville ni la compagnie des humains. Ils ne venaient qu'occasionnellement pour faire des provisions. Les pigeons qui n'étaient pas connus pour leur intelligence répétèrent "j'sais pas. J'sais pas. J'sais pas. J'sais pas" jusqu'à ce que Chat-Malow en ait marre et les fasse déguerpir en bondissant. Les rats murmurèrent et déclarèrent "nous on sait tout, mais on ne dira rien". Cela les fit rire puis ils se dispersèrent aux quatre coins du jardin et disparurent sous terre. Les étourneaux, eux avaient quelque chose d'intéressant à raconter. Au cours de leur migration, ils avaient entendu des cousins d'Amérique latine parler de voyages incessants à travers le ciel. Ces voyages s'étaient multipliés anormalement ces derniers mois. Ils étaient reconnaissables car les engins volants avaient tous le même dessin : un rond colorié et entouré. Catie les remercia. Elle allait repartir quand une petite voix attira son attention. C'était une petite souris. Elle se présenta sous le nom de Riri.
"- Je connais bien la maison d'un conducteur de train. J'y mange régulièrement du beurre de cacahuète sur des tapettes à souris. Sans les déclencher bien sûr, ça l'enrage. Hi hi ! Il dit qu'il doit rester car les gens comptent sur lui pour les emmener à Paris, pour l'exode terrestre. Il dit qu'il n'a pas le choix, qu'il sera un des derniers à partir. Désolée, je n'en sais pas plus.
- Merci Riri, ton témoignage est très précieux, je transmettrai au comité des chats de gouttières pour voir ce que nous pouvons comprendre."
Catie commença à déambuler à la recherche d'une fenêtre entrebâillée, d'une grille d'aération, de n'importe quelle petite ouverture lui permettant de communiquer avec un chat de maison. Quand elle arriva bredouille au bout de la rue, elle pensa au manoir de Monsieur Joseph. Il était situé à quelques rues de là. Elle le connaissait car c'était la bonne adresse qui se transmettait de chat en chat dans toute la ville de Toucour. Monsieur Joseph avait la réputation de nourrir et soigner tous les animaux qui se présentaient à lui. Elle n'y était jamais vraiment allée mais tout le monde savait où le trouver, il était entre le port et la plage. Elle était presque arrivée quand elle se fit bousculer par un chat pressé qu'elle ne reconnut pas tout de suite. Il stoppa net pour lui demander pardon.
"- Chat-Malow ! C'est toi !! Je ne t'ai pas revu depuis que l'humain du restau Poisson-Lune t'as mis dehors de sa cuisine à coups de pied aux fesses ! Comment vas-tu ?
- Oh tu sais, je roule ma bosse de-ci de-là. Je ne m'attaque plus aux restaurants maintenant, trop risqué. Tu sais, après cet incident j'y suis retourné, je ne pouvais pas résister, ça sentait trop bon. Mais j'ai failli perdre tout mon pelage sur l'arrière-train quand il m'a balancé une casserole d'eau bouillante dessus. Là j'ai trouvé un petit vieux, il me donne de la viande fraîche tous les jours. J'y vais toujours un peu en avance parce que vers 11h il nourrit les pigeons. Il y en a des centaines et c'est tellement marrant de les faire s'envoler en leur courant après ! Tu veux venir avec moi ?
- Tu parles de Monsieur Joseph ? Justement j'y vais, j'ai besoin de renseignements. Peut-être que tu sais quelque chose toi.
- Ah moi j'me tiens loin des embrouilles mais bon, dis toujours.
- Ce sont les humains, tu n'as pas remarqué qu'ils disparaissaient ? Enfin plutôt ils partent. Tout semble normal et d'un coup, ils ne sont plus là. Parfois on en voit avec des valises, mais ils ne rentrent jamais, pas comme quand ils vont en vacances.
- Maintenant que tu le dis c'est vrai qu'il y a beaucoup moins de voitures. Je peux traverser les yeux fermés. Ben je suis pas au courant...
- Alors allons au manoir, quelqu'un aura peut-être une réponse."
Catie et Chat-Malow arrivèrent devant une demeure à l'allure délabrée. Elle avait été posée là deux cents ans auparavant et avait été la seule à subsister à l'épreuve du temps. Subsister est un bien grand mot car en réalité les traces du temps étaient bien visibles. Les fenêtres étaient toutes sans exception fêlées ou cassées, certains volets pendaient ou manquaient et les plantes couraient si librement sur la façade qu'on n'en voyait plus la couleur. Si toutefois il y en avait eu une un jour. Mais ce qui était le plus surprenant, c'était le peuplement de ce petit jardin. Il y avait des animaux absolument partout. Des rats, des écureuils, des chats, des pigeons, des étourneaux et même une pie à l'aile cassée et au regard fatigué. Catie laissa son ami jouer avec les pigeons et se plaça au centre du jardin. Elle demanda leur attention aux animaux qui s'attroupèrent autour d'elle. Elle exposa brièvement le problème et observa les réactions.
Les écureuils furent les premiers à répondre. Ils n'en savaient rien et ne voulaient pas s'en mêler. Ils n'aimaient pas la ville ni la compagnie des humains. Ils ne venaient qu'occasionnellement pour faire des provisions. Les pigeons qui n'étaient pas connus pour leur intelligence répétèrent "j'sais pas. J'sais pas. J'sais pas. J'sais pas" jusqu'à ce que Chat-Malow en ait marre et les fasse déguerpir en bondissant. Les rats murmurèrent et déclarèrent "nous on sait tout, mais on ne dira rien". Cela les fit rire puis ils se dispersèrent aux quatre coins du jardin et disparurent sous terre. Les étourneaux, eux avaient quelque chose d'intéressant à raconter. Au cours de leur migration, ils avaient entendu des cousins d'Amérique latine parler de voyages incessants à travers le ciel. Ces voyages s'étaient multipliés anormalement ces derniers mois. Ils étaient reconnaissables car les engins volants avaient tous le même dessin : un rond colorié et entouré. Catie les remercia. Elle allait repartir quand une petite voix attira son attention. C'était une petite souris. Elle se présenta sous le nom de Riri.
"- Je connais bien la maison d'un conducteur de train. J'y mange régulièrement du beurre de cacahuète sur des tapettes à souris. Sans les déclencher bien sûr, ça l'enrage. Hi hi ! Il dit qu'il doit rester car les gens comptent sur lui pour les emmener à Paris, pour l'exode terrestre. Il dit qu'il n'a pas le choix, qu'il sera un des derniers à partir. Désolée, je n'en sais pas plus.
- Merci Riri, ton témoignage est très précieux, je transmettrai au comité des chats de gouttières pour voir ce que nous pouvons comprendre."