Minet le mignon était un semi-chat-de-gouttière, couvert d'une élégante fourrure noire et blanche. Il vivait dans la rue, mais il avait aussi une famille d'humains chez qui il dormait quand il en avait envie. Il pouvait aller y manger aussi souvent qu'il le voulait. Ses humains l'emmenaient chez la vétérinaire, ce qu'il détestait, pour le faire vacciner, et traiter contre les puces et les tiques. Minet le mignon était toujours propre, ce qui lui avait valu cette appellation. Il profita donc de ce lien que les autres chats n'avaient pas pour coller aux basques de ses humains et tenter d'obtenir un maximum d'informations. Mais ce qu'il attendait par dessus tout, c'était une conversation audio ou vidéo avec la partie américaine de la famille, qui lui permettrait d'échanger avec The Cat. The Cat était le chat d'intérieur de la sœur installée en Amérique de l'humaine en cheffe de sa famille d'humains. Pfiou, il fallait presque faire un schéma à chaque fois qu'il voulait expliquer à quelqu'un pourquoi The Cat et lui étaient forcément cousins. En réalité, The Cat était un chat de race, un sphynx. Comme tous les chats de cette race, The Cat n'avait pas de poils. Il était nu, complètement nu. Mais ce qui semblait être un désavantage pour un chat des rues, s'était avéré être un incroyable avantage pour un chat d'intérieur de riche famille. The Cat ne perdait en effet pas de poils sur les vêtements hors de prix de ses humains. Madame la mère de famille en était si heureuse qu'elle avait ouvert un compte sur un célèbre réseau social pour vanter les mérites de son précieux chat. Et c'est ainsi que The Cat était devenu une star aux Etats-Unis. Le pauvre devait porter toutes sortes de vêtements aux couleurs ridicules, avec des perles et autres paillettes. Minet le mignon le plaignait et était bien content de sa fourrure naturelle mais bien sûr il ne disait rien pour ne pas le vexer.

Minet le mignon passa deux jours entiers dans sa famille d'humains, ce qui était tout à fait inhabituel. Sa famille commença d'ailleurs à avoir des soupçons et à se demander s'il n'était pas malade. Minet s'enfuit quand il entendit Monsieur grand humain prononcer le mot "vétérinaire". Il essaierait de trouver des informations autrement, il voulait à tout prix éviter de se retrouver encore une fois entre des mains sadiques qui le piquaient.

Mais alors qu'il errait dans une petite rue calme de Toucour, il vit plusieurs familles d'humains faire rouler des valises rouges lourdement remplies. Minet les dépassa en les ignorant mais il dut se rendre à l'évidence : Matoutou avait raison, l'heure semblait grave. Tant pis, il devait retourner chez les humains. Mais pas ceux qui avaient le pouvoir de l'emmener chez la vétérinaire, ça non, pas question ! Il grimpa habilement à l'arbre et sauta directement sur le rebord de la fenêtre d'un des petits humains. Il était allongé sur son lit en train de regarder son téléphone, comme tous les autres petits humains de cet âge-là. Minet s'approcha et vit The Cat sur l'écran. Il se mit à miauler mais n'eut pas de réponse. Ce n'était qu'une photo. Il miaula plus fort en se frottant contre l'humain. Celui-ci lui gratta le dos en disant "un chat, oui c'est un chat, comme toi". "Voilà qu'il me prend pour une andouille" pensa Minet en descendant du lit. Minet le mignon prit la direction d'une autre chambre de l'étage. Dans celle-ci, une autre jeune humaine était en train de taper sur le clavier de son ordinateur. Il miaula en poussant le téléphone de l'humaine mais celle-ci, visiblement occupée, lança un éléphant en peluche sur Minet en lui demandant de la laisser tranquille car elle faisait ses devoirs. Minet n'avait jamais appris à lire mais retint le maximum de lettres qu'il put avant de sortir de la chambre. Il fallait maintenant trouver Philo le chat philosophe pour lui épeler les lettres.