Chapitre 1
"Chats, chattes, chatons, très chers chats de gouttières" commença solennellement
Matoutou, le plus gros chat du quartier. On le surnommait ainsi car il était si
imposant qu'en le voyant arriver, de loin, on ne pouvait dire s'il s'agissait
d'un matou ou d'un toutou. "L'heure est grave" continua-t-il perché sur une des
poubelles de l'impasse Gato. "Depuis vendredi la poissonnerie est fermée, et personne
n'a vu le poissonnier depuis dimanche." C’était Philo, le chat philosophe qui avait
donné l'alerte. Il avait vu le poissonnier fourrer deux valises rouges dans le coffre
de sa voiture et filer à toute allure. Après ça, tout le monde avait bien sûr repéré
l’écriteau 'fermeture définitive' sur le rideau de fer de la poissonnerie. "Les humains
disparaissent". À ces mots l'assemblée s'agita et le brouhaha obligea Matoutou à faire
une pause pour réclamer le silence. "Je disais donc : les humains disparaissent. Depuis
quelques mois, presque la moitié de la population s'est volatilisée. La vieille Madame
Micolette par exemple qui nourrissait une bonne partie d'entre nous, n'a pas ouvert ses
volets depuis trois semaines. Si ça continue ainsi, nous allons devoir réapprendre à
chasser oiseaux et rongeurs, comme nos ancêtres ou mourir de faim !" Chaque chat de
l'assistance écarquillait maintenant les yeux. Chasser ? ils en avaient entendu parler oui,
mais c’étaient des histoires qui se racontaient de génération en génération, ils ne sauraient
pas comment s'y prendre, depuis le temps qu'ils mangeaient des croquettes...
"Je vois bien ce que vous pensez, je pense pareil. Et c'est pour cela que nous devons découvrir ce qui se trame !" La suite de la réunion servit à mettre en place le rôle de chacun. Minet le mignon avait un cousin en Amérique qui lui même avait des contacts un peu partout, il était donc devenu responsable des territoires. Savoir si les humains disparaissaient sur tous les continents ou seulement en Europe, ou peut-être seulement dans la petite ville portuaire de Toucour. Catie, la longs-poils du centre ville avait été chargée de surveiller les chats d'intérieur. La Sardine, le plus gourmand des chats de gouttières devait trouver de nouveaux points d'alimentation, attendrir quelques vieillards, guetter les sorties des poubelles de restaurants. Philo avait eu pour mission de lire les journaux, il paraissait que c'était le meilleur moyen de se tenir informé de ce que les humains faisaient dans le monde. "Tout le monde doit ouvrir l’œil, être à l’affût du moindre comportement suspect. On se revoit dans trois jours, même heure, même endroit, pour mettre en commun les informations glanées."
Pour Matoutou, c'était le moment de la sieste et malgré une situation alarmante, rien n'était aussi sacré que sa sieste de 14h. Il s'éloigna tranquillement en dandinant de son postérieur marron. Le parc d'enfants humains était désert à cette heure-ci, il avait pris l'habitude de dormir tout en haut du toboggan, dans une maisonnette à l’abri du vent. Son seul soucis était les pigeons qui nichaient sous le toit. Il passait toujours quinze bonnes minutes à essayer de les déloger avant de pouvoir enfin s'endormir. Mais cette fois-ci, en arrivant sur sa couchette, la maisonnette était silencieuse. Pas de 'rou-rou-rouuuu', pas de pigeon ni de pigeonne. Ils avaient dû se trouver un meilleur endroit, ce qui contraria Matoutou. S'il y avait un meilleur endroit, il aurait voulu y être aussi, et même y être le premier. Il ferma les yeux en essayant de ne pas trop y penser mais l'idée l'empêcha de dormir paisiblement. Tous les tracas que la communauté des chats vivaient en ce moment, combinés à la frustration d'être moins bien logé qu'un pigeon revenaient le hanter sous forme de cauchemars. Tantôt il rêvait d'un pigeon géant qui lui donnait des coups de becs, tantôt que les humains se rassemblaient pour discuter d'un plan anti-chats, tantôt encore d'un humain à tête de pigeon qui gobait tous les poissons des océans, ne laissant pas une miette aux chats de gouttières. C'est ainsi que dans un demi-sommeil, il entendit une conversation, qu'il pensait d'abord rêver. Un humain disait "Je pars ce soir, c'est promis, je te rejoins là-bas. J'ai trouvé une cage pour Lulu. Bien sûr que je le prends avec moi ! C'est mon chat !". On pouvait donc déjà éliminer la thèse du complot anti-chats puisque apparemment les chats d'intérieur étaient emmenés aussi. Catie en saurait plus d'ici trois jours. En attendant, rien ne valait une bonne sieste.
"Je vois bien ce que vous pensez, je pense pareil. Et c'est pour cela que nous devons découvrir ce qui se trame !" La suite de la réunion servit à mettre en place le rôle de chacun. Minet le mignon avait un cousin en Amérique qui lui même avait des contacts un peu partout, il était donc devenu responsable des territoires. Savoir si les humains disparaissaient sur tous les continents ou seulement en Europe, ou peut-être seulement dans la petite ville portuaire de Toucour. Catie, la longs-poils du centre ville avait été chargée de surveiller les chats d'intérieur. La Sardine, le plus gourmand des chats de gouttières devait trouver de nouveaux points d'alimentation, attendrir quelques vieillards, guetter les sorties des poubelles de restaurants. Philo avait eu pour mission de lire les journaux, il paraissait que c'était le meilleur moyen de se tenir informé de ce que les humains faisaient dans le monde. "Tout le monde doit ouvrir l’œil, être à l’affût du moindre comportement suspect. On se revoit dans trois jours, même heure, même endroit, pour mettre en commun les informations glanées."
Pour Matoutou, c'était le moment de la sieste et malgré une situation alarmante, rien n'était aussi sacré que sa sieste de 14h. Il s'éloigna tranquillement en dandinant de son postérieur marron. Le parc d'enfants humains était désert à cette heure-ci, il avait pris l'habitude de dormir tout en haut du toboggan, dans une maisonnette à l’abri du vent. Son seul soucis était les pigeons qui nichaient sous le toit. Il passait toujours quinze bonnes minutes à essayer de les déloger avant de pouvoir enfin s'endormir. Mais cette fois-ci, en arrivant sur sa couchette, la maisonnette était silencieuse. Pas de 'rou-rou-rouuuu', pas de pigeon ni de pigeonne. Ils avaient dû se trouver un meilleur endroit, ce qui contraria Matoutou. S'il y avait un meilleur endroit, il aurait voulu y être aussi, et même y être le premier. Il ferma les yeux en essayant de ne pas trop y penser mais l'idée l'empêcha de dormir paisiblement. Tous les tracas que la communauté des chats vivaient en ce moment, combinés à la frustration d'être moins bien logé qu'un pigeon revenaient le hanter sous forme de cauchemars. Tantôt il rêvait d'un pigeon géant qui lui donnait des coups de becs, tantôt que les humains se rassemblaient pour discuter d'un plan anti-chats, tantôt encore d'un humain à tête de pigeon qui gobait tous les poissons des océans, ne laissant pas une miette aux chats de gouttières. C'est ainsi que dans un demi-sommeil, il entendit une conversation, qu'il pensait d'abord rêver. Un humain disait "Je pars ce soir, c'est promis, je te rejoins là-bas. J'ai trouvé une cage pour Lulu. Bien sûr que je le prends avec moi ! C'est mon chat !". On pouvait donc déjà éliminer la thèse du complot anti-chats puisque apparemment les chats d'intérieur étaient emmenés aussi. Catie en saurait plus d'ici trois jours. En attendant, rien ne valait une bonne sieste.