Zélie au pays des enchanteurs
Chapitre 4 : Grand-mère Histoire - Pages 25 et 26
Quand Zélie eut 10 ans tout pile, sa maman l'envoya apporter un gros fromage tout rond à sa grand-mère qui adorait ça. Grand-mère Histoire habitait tout en haut de la plus haute montagne du pays des rêves. Le pays des rêves n'était pas si loin du pays des enchanteurs, c'était juste à côté en fait. Zélie fourra le fromage dans un sac à dos pour avoir ses mains libres et se mit en chemin. Elle se sentait fière d’être enfin assez grande pour voyager seule.

Ce n’était pas si compliqué, il suffisait de suivre les panneaux. Zélie s'imaginait déjà chez sa Grand-mère. Elle l'admirait car Grand-mère Histoire était une reine. Quand Grand-mère était une toute jeune fille, elle se promenait d’hôpitaux en orphelinats, pour raconter des histoires gaies aux gens tristes. Et à force de raconter toutes ces merveilleuses histoires, les mots et les images avaient commencé à s'envoler, formant des essaims bougeant d'idées farfelus. Quand quelqu'un traversait un essaims, sa tête s'emplissait d'histoires, mais comme ces histoires s'étaient mélangées, elles ressemblaient plutôt à de vagues rêves. Comme ceux dont tu te souviens au réveil, le matin et qui s'enfuient quand tu y penses trop. On renomma donc ce pays : le pays des rêves et on nomma Grand-mère (qui n’était pas encore grand-mère) : Reine Histoire. Elle gouverna pendant près de quatre-vingts ans puis décida de
prendre une retraite bien méritée tout en haut du mont Aube. Depuis, elle était devenue aveugle et racontait ses histoires aux plantes et aux chèvres qui lui tenaient compagnie.

Zélie se retrouva enfin au pied de la montagne. Elle leva la tête mais le soleil au sommet l’empêchait de voir la crête. Elle esquiva de justesse un essaim de rêves qui se dirigeait sur elle, elle se releva, souffla un bon coup et commença l'ascension. Par moment un chemin apparaissait puis il laissait place à une zone broussailleuse qui elle même laissait place à de gros rochers. Zélie se dit que c'était bien là la beauté de la montagne, de faire voir tant de paysages en un seul. Elle continua courageusement à gravir le mont Aube et put bientôt découvrir une autre merveille. Entre deux sapins immenses, elle voyait tout le pays des rêves et même un peu du pays des enchanteurs au loin. C'était comme si un peintre avait fait tomber toutes sortes de couleurs sur sa toile. Il y avait toutes les nuances de verts, du gris, du violet, des taches oranges là où plusieurs maisons avec des tuiles se rassemblaient. Des champs de fleurs multicolores, d'autres de coquelicots, d'autres de tournesols. Elle s'emplit les yeux et allait reprendre la route quand elle tomba nez à nez avec un ours.