Zélie au pays des enchanteurs
Chapitre 1 : Zélie et le pays des enchanteurs - Pages 1 et 2
Du haut de ses huit ans, dix mois, quatorze jours, seize heures, trois minutes et vingt-cinq secondes, Zélie était une petite fille presque normale. Elle aimait jouer à la poupée, même si parfois elle lui tirait les cheveux, juste pour voir si un jour elle se mettrait à crier. Elle aimait jouer aux nounours, même si parfois elle les lançait dans les airs, juste pour voir si un jour ils se mettraient à voler. Elle aimait faire des glaces en légo, juste pour voir si un jour elles se mettraient à fondre. Zélie aimait aussi jouer avec son petit frère, même si parfois, elle lui mettait la tête en bas, juste pour voir si ses mains se transformeraient en pieds... Zélie était ce qu'on appelle une chipie. A l'école, elle enchaînait les punitions et les mauvaises notes. Quand le maître rendait un devoir de maths il disait : « un zéro pour Zélie ! Dix fois six ne font pas une omelette ! ». Quand il rendait un devoir de français, le maître disait : « un zéro pour Zélie ! Même ton prénom est mal écrit Zhailyie : ». Quand un devoir de géographie était rendu, on entendait : « un zéro pour Zélie ! L'Afrique n'est pas une un océan de jus de fruits ! ». Heureusement, à la maison, Zélie était comprise par sa famille. Ses parents, M et Mme Grinde étaient en effet jugés un peu fous par à peu près tout le monde et par leurs voisins en particulier. M Grinde, un petit bonhomme tout rond et sans cheveux avait inventé un instrument de musique vraiment très bruyant en bricolant une vieille baignoire. Et il l'avait installé
dans le jardin. Mme Grinde, qui avait la forme d'une grande poire coiffée de cheveux frisés oranges, avait peint des femmes nues sur la façade de la maison, les gens qui passaient dans la rue cachaient les yeux de leurs enfants et changeaient de trottoir. Zélie, elle, avait accroché des boules de Noël dans le pommier, pour décorer l'arbre quand il ne produisait pas de pommes, et son petit frère Zozo qui se prenait pour un chien, aboyait toute la journée. Et parfois la nuit, quand la lune était pleine. Une fois, le voisin le plus proche de chez eux avait appelé la police pour se plaindre du bruit, mais l'officier Morti avait répondu « Ah non ! Je ne retourne pas chez les Grinde, ces gens sont dingues ! La dernière fois que j'y suis allé, un enfant-chien m'a mordu au mollet ! Si vous n'êtes pas content, déménagez ! ». Bref, les Grinde étaient considérés comme des pestiférés, tout le monde les évitait.

C'est ainsi qu'un jour, Mme Grinde eut une idée. Elle allait préparer un voyage. Un très long voyage, pour un monde pas encore découvert. Elle avait eu cette idée en lisant un vieux livre qui parlait d'un explorateur qui avait trouvé par hasard un nouveau continent. Il cherchait un chemin plus rapide pour se rendre en Inde, mais il s'était perdu. « Se perdre est la clé » annonça la maman de Zélie et Zozo, « Quand on cherche, on ne trouve pas !».